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Chroniques
récital Janine Jansen
pièces pour violon et orchestre
Premier enregistrement de Janine Jansen, cet album nous montre l'étendu des possibilités et de la personnalité de la jeune artiste qui débuta le violon à l'âge de six ans. Avec son sublime Stadivarius Barrere de 1721 à la sonorité lumineuse, elle nous dévoile un côté fragile et vulnérable en se démarquant nettement du Royal Philharmonic Orchestra qui est placé sous la baguette vive précise et colorée de Barry Wordsworth.
La Danse Russe de Tchaïkovski, extraite du troisième acte du Lac des cygnes Op.20, fait partie d'une série de danses inspirées des stéréotypes nationaux. Elle débute par une cadence de violon tapageuse, presque parodique, avant de prendre de la vitesse, évoquant les pas lourds des paysans qui vont accélérant jusqu'au presto final. Musique de scène pour le drame psychologique de Lermontov, Nocturne de la suite Mascarade de Khachaturian est tendrement lyrique et évoque avec habilité l'atmosphère d'un décor de théâtre à la nuit.
Havanaise Op.83 de Saint-Saëns débute par un tendre appel de la clarinette menant aussitôt au thème principal confié à notre violoniste. Celle-ci mêle avec beaucoup de féminité la couleur et les timbres – science qu'elle étudiera encore plus en détails pour le Rondo de la plage n°4. L'atmosphère pleine de sensualité langoureuse est fréquemment interrompue par des flamboiements plus féroces, mais le morceau se conclut très tranquillement, tout en finesse. Introduction et Rondo Capriccioso Op.28, toujours de Saint-Saëns, est un des numéros vedette par excellence du violon. Son thème principal cadencé se fait entendre après les soupirs d'une brève introduction puis se répète et se développe jusqu'à ce que l'ouvrage s'achève dans une virtuosité scintillante. La Romance de Chostakovitch, musique écrite pour le film The Gadfly Op.97, est l'une des musiques les plus effrontément séduisantes et bouleversantes du maître russe et elle nous est rendu avec beaucoup de poésie.
Vient ensuite le Thème de La Liste de Schindler de John Williams : un simple solo de violon mélancolique instaure le ton du film, avec des sonorités qui nous renvoient à la fois au Cantor de la synagogue et à un violoneux du ghetto. La partition fut récompensée d'un Oscar et d'un Grammy ! L'interprétation poignante de Janine Jansen, toute en simplicité, nous bouleverse. The Lark Ascending (L'Envol de l'alouette) de Vaugham Williams, à l'exaltation pastorale, aux harmonies mystérieuses et envoûtantes, au parfum populaire sont réinterprétées par un jeu délicat, très frais de la jeune artiste. Enfin, Tzigane de Ravel, morceau virtuose pour violon hongrois,débute par une longue cadence dénuée de protection et entraîne le soliste dans un passage virtuose diabolique d'une difficulté infernale. Quel talent !
On regrettera peut-être un programme sans logique, notamment l'absence du fameux Concerto pour violon de Tchaïkovski qui lui ouvre les portes des salles de concerts les plus prestigieuses du monde. Au prochain ! Avec envie…
EM