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Chroniques
récital Orchestre national d’Île-de-France
Bellini – Donizetti – Meyerbeer – Mercadante – Rossini
Fondé voilà plus de quarante ans à l’initiative de Marcel Landowski, l’Orchestre national d’Ile-de-France a pour mission de diffuser l’art symphonique sur l’ensemble de la région, et tout particulièrement auprès de nouveaux publics. Enrique Mazzola en est le directeur musical et chef principal depuis septembre 2012 [lire notre entretien]. Spécialiste des périodes classique et romantique, le chef italien est aussi apprécié pour son approche du bel canto, genre qu’il juge finalement moins fréquenté que le vérisme. Aujourd’hui, sous une pochette judicieusement, délicieusement vintage, il livre un florilège d’ouvertures rares ou incontournables, soucieux de « l’instant où le compositeur prépare le public au drame ou à la comédie qui va se dérouler sous ses yeux ».
Des cinq créateurs d’une même génération réunis, l’aîné se nomme Giacomo Meyerbeer (1791-1864). Allemand fasciné par Rossini et père du grand opéra français, ce marieur de styles livre d’abord trois ouvrages pour son pays natal (Munich, Stuttgart, Berlin), puis trois autres à l’Italie (Padoue, Turin, Venise) avant qu’apparaisse Margherita d’Anjou, le 14 novembre 1820, à Milan. Le livret du célèbre Felice Romani (1788-1865) fait renaître l’Angleterre de 1462, en pleine Guerre des Deux-Roses (1455-1485). Cinq ans avant Robert le Diable (1831) [lire notre critique du DVD], les Parisiens découvrent Meyerbeer grâce à une Marguerita traduite et révisée (1826). Ont-ils été aussi peu inspirés que nous par son préambule ?
De Gioachino Rossini (1792-1868), auteurs de dizaines d’opéras, mélodies et cantates, on entend deux veines antagonistes, le melodramma eroico et le dramma buffa. Créé à Venise en 1813, Tancredi contribue à la renommée d’un compositeur à peine sorti de l’adolescence [lire notre critique du DVD]. Pour entraîner le public dans les Croisades du XIe siècle, Gaetano Rossi puise chez Voltaire, de même que Cesare Strebini adapte Beaumarchais pour Il barbiere di Siviglia, donné à Rome le 20 février 1816. Au premier, Enrique Mazzola apporte le liant et le contraste nécessaires, tandis qu’il conduit le second avec une fluidité évidente.
Né près de Bari, dans les Pouilles, Saverio Mercadante (1795-1870) fait naturellement ses débuts à Naples. Après quelques ballets, il présente son premier opéra au Teatro San Carlo, L'apoteosi d'Ercole (1819). Une trentaine d’ouvrages plus tard, il fait appel à Romani – son librettiste fétiche depuis Il posto abbandonato (1822) – pour donner vie à Emma d’Antiochia, à Venise, le 8 mars 1834. Cette fois, c’est en Syrie, au XIIe siècle, que nous entraîne cette tragedia lirica inspirée pour deux tiers de Rossini, pour un seul de Bellini.
Précurseur de Verdi, Gaetano Donizetti (1797-1848) laisse à la postérité plus de soixante-dix opéras. Mazzola en choisit trois : Ugo, conte di Parigi (Milan, 1832), Roberto Devereux (Naples, 1837) et Don Pasquale (Paris, 1843) – sur des textes respectifs signés Felice Romani (décidément très convoité…), Salvatore Cammarano et Giovanni Ruffini. Si la musique d’Ugo paraît bien pauvre, le travail de dynamique du chef est en revanche à saluer – comme la délicatesse des violons –, de même que son geste gracile pour Devereux. Élégance et simplicité séduisent dans l’approche de Don Pasquale.
Enfin, place au benjamin Vincenzo Bellini (1801-1835), connu pour les derniers succès de sa courte carrière : La sonnambula, Norma (Milan, 1831) et I puritani (Paris, 1835). Assurant sa postérité, citons également I Capuleti e I Montecchi dont Venise eut la primeur, le 11 mars 1830 [lire notre critique du DVD]. Comme librettiste inspiré par des auteurs antérieurs à Shakespeare – Matteo Bandello (1480-1561), Luigi da Porto (1485-1530) –, il faut nommer, de nouveau, l’indétrônable Romani ! Idéal pour entamer un programme d’ouvertures,cet extrait témoignant de l’amour en temps de guerre est jouée au cordeau par un maestro vif, tonique et festif.
LB