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Chroniques
récital Quatuor Amanecer
Bernstein – Piazzolla – Turina
Le Quatuor Amanecer est une formation bretonne créée en 1998 par quatre professeurs de guitare classique, formés dans les plus hautes écoles européennes : Jocelyn Benoit, Sébastien Lemarchand, Hervé Merlin et David Nicolas. Outre les œuvres originales, le quatuor propose régulièrement dans ses concerts des transcriptions. Trois de celles-ci font l'objet de ce premier disque, Oración (du nom de la deuxième œuvre au programme).
C'est toujours avec plaisir que l'on écoute West Side Story ; ce disque fait entendre une version pour quatre guitares (signée Hervé Merlin) de ses Danses Symphoniques où l'on apprécie l'excellent travail des quartettistes qui parviennent parfaitement à évoquer le climat particulier de la comédie musicale de Leonard Bernstein. Dès le Prologue, on est frappé par la pertinence des interventions rythmiques, des effets de percussion, etc. Dans cette lecture, l'œuvre semble retrouver une part de ses sources, et l'on en goûte peut-être plus l'inspirationlatino que dans la version originale. Seul Somewhere fonctionne assez difficilement avec cet instrumentarium : on perd en grande partie le lyrisme de ce passage. En revanche, la Fugue (plage 7) est passionnante. À découvrir...
Le Sévillan Joaquín Turina partageait avec son ami Manuel de Falla une passion pour le patrimoine musical populaire espagnol. Après des études à Paris, il s'installe à Madrid en 1914, explore le folklore de son pays, et parvient à une brillante synthèse entre une typicité retrouvée et des procédés acquis grâce à sa fréquentation des compositeurs français. On ne s'étonne pas de rencontrer l'utilisation du mode andalou, côtoyant une construction subtilement timbrée de l'orchestre, souvent traversée de danses. C'est assez flagrant dans l'opéra Jardin de Oriente et dans son Quatuor à cordes, par exemple. La Oración del Torero – en français La Prière du Torero – fut écrite pour un quatuor à cordes avec luth en 1925. Si l'on y entend assez évidemment la trace de Debussy, on remarque également l'évidence de l'influence de la musique des bohémiens andalous. Dans ce petit poème symphonique, deux atmosphères antagonistes se traduisent par deux temps musicaux différents : d'un coté, celui méditatif du torero en prière dans une chapelle jouxtant l'arène ; de l'autre, celui plus rythmique de l'impatience de la foule qui attend sur les gradins. C'est une des pièces les plus jouées de Turina, très souvent dans des adaptations (pour violon et piano, pour deux pianos, et pour orchestre à cordes). Comme précédemment, l'on doit cette nouvelle transcription à Hervé Merlin.
On ne présente plus Astor Piazzolla qui a tant fait évoluer le Tango. Il a composé Les Quatre Saisons, clin d'œil à Vivaldi, de 1965 à 1970. Plus qu'une tentative descriptive des cycles de la nature, l'œuvre dépose comme des souvenirs aux atmosphères particulières. Ces saisons-là sont intimement liées à la vie du musicien qui, ne l'oublions pas, vient d'un pays à saison unique (les ruptures sont des départs en voyage, des retours, des événements politiques ou des éléments de biographie). Le Quatuor Amanecer offre sur ce disque une fort belle transcription de Sébastien Lemarchand, tonique et poétique, savamment équilibrée.
SM