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Chroniques
récital Quatuors Arranoa et Debussy
Chostakovitch – Golijov – Mellits – Piazzolla
Qui est le maître, qui est l'élève ? Levons le voile sur cet en-tête professoral. Octuorissimo fait partie de la Collection 1001 Notes qui prolonge l'esprit du festival homonyme en Limousin dont la vocation est « d'ouvrir la musique classique et de soutenir de jeunes musiciens […] de mettre en avant les nouvelles et futures générations d'artistes en leur faisant partager la scène avec des figures reconnues du monde musical ».
Deux projets labellisés sont issus de ces bonnes volontés : Le maître et l'élève où un artiste renommé prête sa notoriété à des instrumentistes encore en formation afin de construire un programme en commun qu'ils s'engagent à enregistrer puis à jouer sur scène (ce qui est le cas ici) ; Envol qui est un coup de pouce aux musiciens en début de carrière. Ceci posé, Octuorissimo propose donc l'alliance cordiale entre le Quatuor Debussy et le Quatuor Arranoa dont la réputation est à faire. Nos deux formations joueront seules ou ensemble les cinq morceaux choisis pour composer ce menu fort intéressant.
Intéressant pour deux raisons : non seulement les œuvres proposées ne courent pas les salles de concert, mais encore la formation en octuor fait partie des curiosités musicales qui interviennent déjà à partir du numéro 6. Un lien artistique unit Osvaldo Golijov (né en 1960) et Astor Piazzolla, Last Round et Tango Ballet étant des œuvres sœurs, pour ne pas dire jumelles. On précisera que la première dispose sur scène les deux quatuors en face à face avec la contrebasse au milieu, comme une sorte de pivot. L'interprétation semble juste, douce et violente, pleine d'effets acoustiques propres au genre.
Chostakovitch arrangea pour octuor un air d'opéra tiré de sa Lady Macbeth de Mzensk (1932) et une polka du ballet L'âge d'or (1930). Raretés que tout amateur du maître ne manquera pas de connaître, Deux pièces pour octuor Op.11 (1924) sont des productions de jeunesse d'avant la Symphonie en fa mineur n°1 (1925). Là encore, un bon esprit d'ironie, de lyrisme et de violence ressort de cet enregistrement. Pour conclure, Octet (2010) de Marc Mellits (né en 1966) appartient à une autre esthétique, proche des minimalistes et répétitifs nord-américains, tout en mélangeant les sonorités carrées du rock. Une franche énergie s'en dégage qui conclut en beauté un disque-découverte bien venu.
NMN