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Chroniques
récital Rolando Villazón
airs de zarzuela
Depuis bien longtemps, Plácido Domingo, fils d'un chanteur de zarzuela, s'est fait un fervent défenseur de cet art partout dans le monde. On ne s'étonnera donc pas qu'à la tête des musiciens de l'Orquesta de la Communidad de Madrid, il accompagne aujourd'hui le jeune ténor mexicain Rolando Villazón dans un récital discographique empruntant à Vives, Guerrero ou Sorozábal, parmi tant d'autres, plusieurs airs qui constituent cet album intitulé Gitano.
On saluera d'emblée la prestation efficace du chanteur, dont l'aigu parfois agressif sert avec énergie le chien de ce répertoire. Mais ce serait là bien vite résumer son talent ! Qu'on écoute, en effet, les extraits de Doña Francisquita (plage 2) ou d'El último romántico (plage 6) et l'on se convaincra de la souplesse charmeuse avec laquelle il conduit son chant, toujours sensible. On a bien souvent comparé la zarzuela à l'opérette, autrichienne ou française ; sur ce point, Villazón répond : « la zarzuela n'est rien de tout ça. Plus justement, elle est l'opéra espagnol. Mais j'ai envie de dire : la zarzuela, c'est la zarzuela ! » (conférence de presse du 31 janvier dernier).
De fait, si l'on entend bien les couleurs ibériques sur ce disque, on rapprochera aisément l'impédance de ce chant des habitus pucciniens dont le lyrisme dramatique n'est guère loin. Et puisqu'il se trouve que nous soyons toujours obligés de trouver des airs de famille à ce qui ne nous est pas coutumier, accordons-nous d'entendre un peu du vérisme des Mascagni ou Leoncavallo dans La dolorosa de Serrano (plage 7), par exemple, et peut-être avancerons-nous bientôt, sans ces béquilles, vers une approche franche d'un répertoire qui gagne à être connu pour lui-même. Alors, on comprendra la confusion que certains commentateurs purent faire entre zarzuela et opérette, ce genre léger ayant volontiers détourné les ingrédients de l'opéra espagnol dont les thèmes sont bien souvent indubitablement graves et le traitement artistique toujours noble.
L'édition de luxe offre l'avantage d'un DVD où l'on suit Rolando Villazón et Plácido Domingo à Madrid, pendant les prises de son, en juillet 2006. Outre de nous montrer la saine bonne humeur et la confiante complicité qui unirent ces artistes durant la préparation du disque, ce bonus, qui nous introduit un peu plus encore dans l'univers de la zarzuela, offre le récit attachant et coloré de la toute première rencontre entre les deux ténors, à l'Opéra de Mexico.
BB