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Chroniques
récital Rupert Charlesworth
Bax – Berkeley – Boulanger – Brahms – Britten – etc.
Coproduit par le Festival d’Aix-en-Provence et le label au zèbre, lequel poursuit sa course sous l’égide de l’éditeur Outhere Music (depuis quelques années maintenant), cet enregistrement est le premier d’une série à paraître qui souhaite mettre en avant une nouvelle génération d’artistes. Depuis 1998, en effet, l’Académie dudit festival propose à de jeunes talents de perfectionner leur technique vocale ou instrumentale, de réfléchir à l’avenir de l’opéra et finalement de se produire dans la ville natale de Campra, puis en tournée.
Les lauréats ici réunis s’appellent Rupert Charlesworth et Edwige Herchenroder. Ancien élève à la Royal Academy of Music devenu ténor, lui aime à servir autant les compositeurs baroques (Bach, Händel) que ses contemporains (Benjamin, Dove, Lee, Styles), tandis qu’elle se passionne pour l’accompagnement, participant à des master classes de Barbara Bonney, Felicity Lott ou encore Dawn Upshaw, forte des conseils d’Helmut Deutsch, Julius Drake et Malcom Martineau.
Le programme gravé en septembre 2014 découle d’un récital offert deux mois plus tôt dans la cour étoilée de l’Hôtel Maynier d’Oppède. Il s’agit d’un parcours musical ayant la fin du jour pour thème. « Au gré de ce voyage, disent les deux artistes, l’auditeur est confronté aux différentes atmosphères liées à la nuit, au sentiment du vide, de la chaleur, du calme, de la douceur ». L’enchaînement des tonalités mais aussi des ambiances – volontiers en contraste, parfois – a guidé l’ordre des pièces choisies, pour certaines peu connues. Trois langues y alternent, dont l’allemande, associée à des aînés ayant vus le jour au tournant des XVIIIe et XIXe siècles : Schubert (Der Jüngling und der Tod, Der Wanderer an den Mond, An die Laute), Mendelssohn (So schlaf in Ruh !), Liszt (Kling leise, mein Lied II) et Brahms (Der Ganz zum Liebchen, Ständchen). Exigeant un certain souffle, ces Lieder conduisent le chanteur aux extrêmes, soit à des phrases proche de la voix mixte ou à des forte où la nasalisation menace.
La mélodie française apparait comme héritière de cet art miniature, à écouter Franck (Nocturne), Fauré (Clair de lune, La lune blanche luit dans les bois), Debussy (Nuit d’étoiles), Duparc (Sérénade florentine), Hahn (L’heure exquise) et Lili Boulanger (Vous m’avez regardé avec toute votre âme). Facilement dru dans certains des Lieder évoqués, le piano offre beaucoup de tendresse au moment d’aborder leurs homologues français.
Le XXe siècle marque la renaissance de la musique anglaise, portée par des compositeurs nés entre 1883 et 1913 que le folklore peut inspirer, tels Bax (The white peace), Gurney (Sleep), Finzi (The comet at Yell’haw), Berkeley (Carry her over the water, Eyes look into the well, Silver) et Britten (Night covers up the rigid land). La fluidité, la douceur et la nuance sont au rendez-vous quand Rupert Charlesworth retrouve sa langue natale – un chanteur dont la carrière semble bien prometteuse.
LB