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Chroniques
Ramon Lazkano
Zur-Haitz – Ur Loak – Lur-Itzalak – Hilarriak
Né en 1968, le compositeur basque Ramon Lazkano présente un parcours académique particulièrement impressionnant. Après des études musicales à Saint-Sébastien, Paris et Montréal, il reçoit les Prix de Composition de la Fondation Pierre de Monaco et Leonard Bernstein de Jérusalem (dont le jury était présidé par Luciano Berio), ainsi que des lauriers de l'Institut des Arts de la Scène et de la Musique, du Collège national d'Espagne et de la Fondation Gaudeamus. Sa musique est jouée lors des principaux festivals de musique contemporaine internationaux et par de grands orchestres, comme les Philharmoniques de Los Angeles et de Radio France. Très présent dans son pays natal, il intervient lors de séminaires et colloques universitaires et enseigne l'orchestration au Centre Supérieur de Musique du Pays Basque Musikene. Fasciné par l'orchestre, il a étudié l'art de la direction auprès d'un des grands pédagogues actuel, Jean-Sébastien Bereau, et il conduit fréquemment les phalanges et ensembles spécialisés de la péninsule ibérique.
Le présent programme s'articule autour de pièces très récentes qui caractérisent l'évolution d'un compositeur original et indépendant. Seule création du programme écrite pour solistes, Lur-Itzalak (2003) pour violon est violoncelle est la troisième partie d'un cycle pour instruments à cordes. Cette partition basée sur une harmonie en micro-intervalles se meut dans un univers sonore flou et transparent. Si l'intention est louable, le résultat est peu convaincant en raison de coups d'archets trop répétitifs. Les trois autres pièces symphoniques du disque s'avèrent bien plus pertinentes. Très élaborées, ces partitions évoquent des univers minéraux ou organiques et montrent l'intérêt du compositeur pour la nature et les éléments. Toutes ces réalisations se caractérisent par une savante alchimie des timbres et une grande maîtrise de l'orchestration.
Si Zur-Haitz (1998-99) et Ur Loak (1998) sont de belles pièces, la récente Hilarriak (2002-03) issue d'une commande de l'Orchestre de Poitou-Charentes et de son directeur musical Jean-François Heisser apparaît comme le sommet de cet enregistrement. D'une vingtaine de minutes et en quatre parties à peu près égales, elle séduit par la richesse de son instrumentation et par l'utilisation des sonorités graves de l'orchestre. À l'inverse d'autres compositeurs, Lazkano utilise savamment et avec parcimonie la percussion alors qu'il tire des alliages sibyllins des vents et des cuivres. C'est une musique violente et tendue mais d'un grand raffinement orchestral. Ce programme est magnifiquement servi par l'élite de la musique espagnole : les chefs d'orchestres Pablo Gonzáles, Josep Pons et Juan José Mena à la tête du Jeune Orchestre National d'Espagne, de l'Orchestre de Chambre du Théâtre Lliure et de l'Orchestre de Bilbao. Dans Ur Loak, Lisa Kerob et Thierry Amadi, solistes de l'Orchestre Philharmonique de Monte Carlo se jouent des difficultés techniques de cette partition. Le tout forme un très beau disque qui fait honneur à la scène musicale ibérique.
PJT