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Chroniques
Richard Strauss
scènes d'opéra – Lieder
Virgin Classics vient de faire paraître un nouveau récital de notre soprano nationale, entièrement consacré à la musique lyrique de Richard Strauss. Natalie Dessay n'a jamais caché ses affinités avec le compositeur qui a écrit des partitions qui semblent idéalement adaptées à sa voix d'aujourd'hui. En témoignent, entre autres, ses extraordinaires Zerbinette que les spectateurs du Palais Garnier avaient ovationné – à juste titre – la saison dernière, et ses Sophie de Vienne.
Comme pour l'excellent CD de Renée Fleming paru chez Decca en 1999 – lui aussi consacré au grand compositeur allemand, et avec une troublante similitude dans la nonchalance du portrait de la pochette (les concepteurs imaginent-ils les héroïnes straussiennes autrement qu'allongées sur un lit ?) –, la chanteuse a invité quelques-unes de ses amies, actuelles stars straussiennes, pour l'accompagner dans cette aventure. Le résultat est éblouissant.
Pas de surprises avec les trois extraits d'Ariadne (dont elle a déjà gravé l'intégrale pour Deutsche Grammophon, le dernier enregistrement du chef Sinopoli) et dont l'intelligence de la portraitisation et la qualité de la tessiture ne sont plus à louer. On y retrouve son somptueux Komponist de Garnier, Sophie Koch pour laquelle on espère enfin une grande carrière et une reconnaissance internationale.
Suivent Quatre Lieder de Brentano (Ich wollt' ein Sträusslein binden, Säusle, liebe Myrthe, Als mir dein Lied erklang et Amor), idéalement interprétés, où Natalie Dessay développe une intelligence du lied straussien inédite. On en espère vite d'autres…
Felicity Lott est l'autre vedette incontestée de cet enregistrement. Prima Donna d'Ariadne, rôle-titre d'Arabella et Mareschallin du Rosenkavalier, elle est omniprésente, pour notre plus grand plaisir. À l'heure qu'il est, elle reste une interprète inégalée de Strauss et chacune de ses interventions est un pur moment d'émotion, de poésie et de goût. Son Arabella, qu'elle a peu fréquentée au disque, est d'une excellente tenue, pleine de grâce. Le duo avec la Zdenka juvénile et passionnée de Natalie est un moment d'anthologie à ne pas manquer.
Angelika Kirchschlager est l'un des Octavian les plus recherchés actuellement, pour ses qualités aussi bien vocales que théâtrales. Les spectateurs de l'Opéra Bastille ont d'ailleurs pu l'apprécier au printemps 2002 dans l'une des productions-phares de l'ère Gall. Elle rejoint notre duo pour trois extraits du Rosenkavalier, eux aussi exceptionnels. Ce mariage de trois voix magiques tient de l'alchimie, et l'on rêve encore d'une intégrale.
L'orchestre raffiné et sensible du Royal Opera House de Covent Garden, dirigé avec beaucoup d'intelligence par un Antonio Pappano des grands jours, construit un écrin de choix à nos chanteuses.
MS