Recherche
Chroniques
Richard Wagner
Götterdämmerung | Le crépuscule des dieux
Voici la Troisième journée d'une Tétralogie montée au Deutsches Nationaltheater de Weimar, en juillet 2008. La malédiction qui pèse sur les descendants de Wotan et d'Alberich prendra-t-elle fin un jour, alors même que la lutte pour le pouvoir instaurée par les pères oppresse à présent les fils ? Parce qu'ils ont mission de sauver le monde, l'avenir dépend de Siegfried et de Brünnhilde – laquelle, à son tour, se montre ardente à ne pas lâcher l'anneau, « plus cher que le bonheur éternel des dieux », quitte à frapper Waltraute –, mais une ombre cauchemardesque plane sur leur amour…
On retrouve ici, amplifiée, la présence de l'enfance qui fait l'originalité de cette production ambitieuse du Ring – de Das Rheingold à Siegfried [lire notre critique du DVD] –, mise en scène par Michael Schulz donnant toute sa place au texte. Il y a des taquineries entre frère et sœur, des serments de sang, mais surtout des traumatismes qu'incarnent ces jeunes exclus et désœuvrés qui font un passe-temps de la torture de Grane – une ultime fois incarné par Erika Krämer. Naïf et viscéralement en quête d'une famille, Siegfried sera piégé par les apparences d'une humanité à la violence latente, avide de sacrifices.
« Avant tout, recommandait Wagner à Liszt, en 1851, veillez à ce que vos chanteurs soient également de bons comédiens : celui qui ne maîtrise pas l'art de bien parler, comment pourrait-il être capable de chanter ? » À part des Nornes un peu éteintes, la présente distribution propose de bonnes surprises. Nous retrouvons avec plaisir Catherine Foster, Brünnhilde talentueuse, sonore et heureuse de voir enfin le dénouement de cette histoire de famille(s), à laquelle Norbert Schmittberg, sobre et attachant Siegfried, offre un partenaire vaillant et incisif.
Expressif et nuancé, Mario Hoff (Gunther) livre un chant clair et évident. La belle assise grave de Renatus Mészár (Hagen) tranche avec le chant acide et peu stable de Marietta Zumbült (Gutrune). Tomas Möwes incarne un Alberich profond et nuancé. Nadine Weissmann s'avère une Waltraute efficace. En fosse, enfin, les cordes de la Staatskapelle Weimar se sont améliorées, au sein d'un orchestre fluide dirigé par le texan Carl St.Clair, magnifiant les moments de tendresse et de douceur contenue.
LB