Chroniques

par laurent bergnach

Roger Tellart
Le madrigal en son jardin

Fayard (2004) 300 pages
ISBN 2-213- 61899-2
Roger Tellart – Le madrigal en son jardin

Au commencement était la frattola
À Florence, Mantoue et Venise, il existe tout un répertoire ancré dans la mémoire populaire italienne, qui prospère entre 1510 et 1520, en opposition aux modèles polyphoniques franco-flamands officiellement en vigueur. Sa forme orale permet une spontanéité, une improvisation, une liberté de ton et de forme qui en font le charme et la spécificité. Ces mélodies à base de textes comiques ou amoureux, de vers d'Horace ou de Pétrarque, sont les premières manifestations d'un art musical national.

En ce passionnant pour le toscan plus que pour le latin, des hommes comme Laurent le Magnifique sont symboliques des transformations en cours depuis la seconde moitié du XVe siècle. Rome devient le lieu d'éclosion du madrigal proprement dit, à l'écriture musicale savante et à la poésie plus affirmée. Ses fondateurs – qui ont fait leur apprentissage en écrivant des motets – vont mener la musique vers le profane, avec des confidences de passions et d'émois qui invitent à s'intéresser à l'Homme plutôt qu'à Dieu. Vers 1550, le madrigal a depuis longtemps rencontré un public cultivé ; il va s'éloigner des thèmes élégiaques et nostalgiques qui marquaient ses débuts pour devenir, entre 1570 et 1780, l'emblème coloré de la musique italienne.

Faisant suite à cette passionnante histoire du madrigal – qui se clôt sur son influence dans les autres pays d'Europe, l'Angleterre en particulier –, Roger Tellart consacre la seconde partie de son ouvrage à un dictionnaire des madrigalistes de la Renaissance où, entre Agazzari et Zoilo, ont retrouvera bien sûr Marenzio, Gesualdo et Monteverdi, les princes de l'âge d'or.

LB