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Chroniques
Samy Moussa
œuvres variées
Né à Montréal en 1984, Samy Moussa s’affirme à la fois compositeur et chef d’orchestre, tels Boulez, Eötvös ou encore Pintscher dont il suivit les enseignements plus ou moins longs, en complément d’études internationales avec Evangelista (Canada), Bellomia (République tchèque) et Lindberg (Finlande). Cette double activité assure à l’artiste nombre de collaborations, particulièrement en Allemagne où, dès 2007, il fut chef assistant au hr-Sinfonieorchester Frankfurt et à l’Ensemble Modern (Francfort). C’est ensuite à Munich, capitale de la Bavière, qu’il devint directeur musical de l’Ensemble INDEX et fit créer ses deux premiers opéras : L’autre frère (2010) et Vastation (2014). « J'ai eu raison de partir, déclarait-il récemment à un journal du pays natal, parce qu'en Europe, il y a plus de possibilités et des orchestres partout » (LaPresse.ca, 17 février 2015).
S’il fut un temps où le trentenaire n’imaginait pas quoi apporter à ses propres œuvres en les dirigeant, il aime à présent retrouver les plus anciennes, comme en témoigne une partie de cette monographie. En mars 2013, la tête de l’Österreichischer Rundfunk Sinfonieorchester Wien (ORF), il enregistre Kammerkonzert (création à Montréal, 2006/2008), les deux premières des Quatre études (Metz et Vancouver, 2008) et le Prélude de L’autre frère (Munich, 2010). Découvert en création française [lire notre chronique du 18 octobre 2013], Kammerkonzert entraîne plus que jamais l’auditeur sur les montagnes russes d’un univers tonique et mouvant, vers des sommets et des gouffres vertigineux. Pour sa part, le début de l’opéra préfère tisser une soie caressante.
Rencontré en 2008, Kent Nagano a entendu et apprécié le travail de Samy Moussa. En novembre 2013, avec le Deutsches Symphonie-Orchester Berlin (DSO), il enregistre les deux dernières des Quatre études (Montréal, 2009), ainsi que Cyclus (Laval, 2007). Si ce dernier déploie avec rondeur son agitation énergique, les deux courtes études s’avèrent plus inquiètes, plus dramatiques que les premières qui frémissent et scintillent sans craindre la clarté ni la simplicité, comme si le compositeur cherchait désormais à pétrifier après avoir rasséréné.
La musique de chambre n’est pas oubliée, puisqu’on entend ici À l’assaut des jardins (Munich, 2011) et Quatuor à cordes (Edenkoben, 2012). La pièce pour piano est confiée à Emanuele Torquati – Milanais désormais sans frontières, à qui l’on doit une intégrale Zemlinsky et Roussel chez Brilliant Classics. On en retient la fulgurance de mouvement qui s’impose au détour d’un marcato stravinskien, pétri de notes rapides répétées, de cellules obstinées s’installant après un début de trajet insaisissable. Enfin, fondé à Berlin en 2006, le Quatuor Armida livre une pièce sur le fil, entre épure et réminiscence, dont la tension paraît plus ludique que réellement vénéneuse.
LB