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Chroniques
Sergueï Liapounov
Douze études d’exécution transcendante Op.11
Au cimetière des Batignolles, en septembre 2017, une tombe pouvait attirer l’attention du visiteur parisien : celle de Sergueï Liapounov (1859-1924), restaurée grâce à La Renaissance Française – une institution fondée en 1915, dont un des objectifs est de protéger les patrimoines –, l’Ambassade de Russie, le conservatoire Tchaïkovski de Moscou et à des dons privés. Retour sur un compositeur qui, à quelques semaines près, finissait sa vie dans son pays natal…
Liapounov voit le jour à Iaroslavl, ville traversée par la Volga et le Transsibérien, où travaille son père astronome et mathématicien. À la mort de ce dernier, l’apprenti musicien gagne Nijni Novgorod puis Moscou où, sur les recommandations de Nikolaï Rubinstein, il va étudier avec Karl Klindworth, Pavel Pabst (piano) et Sergueï Taneïev (composition). Diplômé du conservatoire au terme de cinq années de formation (1878-1883), Liapounov rejoint à Saint-Pétersbourg Mili Balakirev, mentor et ami qui accompagne ses débuts de créateur. À son tour, il va enseigner (c.1910), mais la Révolution (1917) puis la proclamation de l’URSS (1922) l’incitent à émigrer. C’est ainsi qu’il se retrouve à Paris où il participe à la création du Conservatoire russe Serge Rachmaninoff (sic), inauguré le 31 octobre 1924. Un infarctus l’emporte quelques jours après, le 8 novembre [lire nos critiques CD de la Symphonie Op.66 n°2 et de l’Intégrale des œuvres symphoniques].
Influencé par Rimski-Korsakov, mais aussi grand admirateur de Liszt, Liapounov reste dans l’ombre de son cadet Rachmaninov alors même qu’il inaugure la marche d’un romantisme flamboyant vers l’impressionnisme. C’est au célèbre Hongrois qu’il dédie son œuvre la plus connue pour le piano, Douze études d’exécution transcendante Op.11 (1897-1905), conçue en une époque qui découvre de nouvelles sonorités (dodécaphonisme, atonalité) [lire notre chronique du 24 juillet 2016].
À la suite de fameux interprètes (Busoni, Horowitz, Viñes, etc.), la Japonaise Etsuko Hirose reprend ce cycle énormément joué dans la première moitié du XXe siècle. De l’élève d’Alfred Brendel et de Jorge Chaminé, que ce dernier apprécie pour « sa virtuosité pianistique et son jeu inspiré », on salue l’aisance à rendre un cycle aux couleurs russes (Carillon, Térek, Chant épique, Lesghinka), vibrant de fougue (Tempête) et de délicatesse (Ronde des Fantômes, Harpes éoliennes, Ronde des sylphes). Des pièces comme Berceuse ou Nuit d’été profitent du Steinway cristallin enregistré à l’automne 2017, en l’église Saint-Marcel (Paris).
LB