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Chroniques
Steve Reich
pièces pour guitare électrique
Membre permanent de l’Ensemble Variances, parfois appelé en renfort d’autres formations (Ensemble Intercontemporain, Orchestre Philharmonique de Radio France), Pierre Bibault aime explorer les musiques contemporaines écrites ou improvisées, matinées d’électronique ou de sons transformés en temps réel. De fait, il manie aussi bien ses guitares (ici une Fender Telecaster Custom Shop 1952, alliée à l’amplificateur Fender Deluxe Reverb ’65) que les ordinateurs (samples, loopers, etc.). L’artiste, qui collabore régulièrement avec des compositeurs tels Zad Moultaka et Thierry Pécou, consacre à Steve Reich (né en 1936) cette monographie n’excédant pas trois quart d’heure.
S’il a beaucoup appris des musiques ouest-africaine et balinaise, le diplômé de Mills College (Californie) annonce également, à la fin des années quatre-vingt : « la période de l’histoire de la musique occidentale qui me procure les données les plus utiles court de 1200 à 1750 : l’ère du contrepoint » (in Steve Reich, Différentes phases, La rue musicale, 2016) [lire notre critique de l’ouvrage]. Electric Counterpoint (1987) est une pièce conçue à l’intention de l’éclectique Pat Metheny*, dans la lignée de Vermount Counterpoint (1982) et New York Counterpoint (1985) où un soliste s’accompagne d’un enregistrement qu’il réalise lui-même préalablement. On apprécie surtout le premier des trois mouvements enchaînés, nappe enveloppante et sereine, prolongé par un thème africain revisité, dense et charnu.
Commande d’un conservatoire japonais pour l’inauguration d’une salle, Nagoya Marimbas (1994) se situe dans la lignée des pièces de jeunesse (motifs répétés, déphasage d’un ou plusieurs temps, etc.), la virtuosité en plus. De même que Six Marimbas (1986) est une réécriture de Six Pianos (1973), l’instrument fétiche de celui qui fut batteur dans des groupes pendant l’adolescence laisse place à la guitare dans une version que David Tanenbaum fit connaître en 1996. Le jeu souple et élastique de Pierre Bibault, nuancé aussi, semble un écho du bondissement des mailloches originelles.
En 2000, c’est Dominic Frasca qui donne naissance à une nouvelle transcription, cette fois de l’antique Violon Phase (1969). Grâce à la bande magnétique, quatre voix y jouent les unes contre les autres et produisent, avec le déphasage évoqué plus haut, de nombreux motifs mélodiques – « quand je dis que ma musique contient bien plus que ce que j’y mets, je songe principalement à ces motifs résultants » (ibid.), insiste son créateur. Déphasage enfin avec Clapping Music (1973), laquelle marque la fin d’utilisation d’un processus découvert avec It’s Gonna Rain (1965). Seules quatre mains interviennent dans cette page sans instrument, avec un second musicien qui joue le même motif que le premier, bien qu’ils démarrent à des endroits différents. Sa présente exécution paraît trop timide pour lui rendre justice.
LB
* un défi du Nord-américain fut la maîtrise de la Pikasso, guitare cubiste à quarante-deux cordes