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Chroniques
The infernal Comedy | La comédie infernale
drame pour un acteur, deux chanteuses et un orchestre
Tueur en série international (Vienne, Graz, Prague et Los Angeles) né le 16 août 1950, Johann « Jack » Unterweger grandit sans jamais connaître son père – un soldat américain de passage – et à peine sa mère qui le confie à la garde d’un grand-père alcoolique. Au terme d’une adolescence marquée par la petite délinquance, il est accusé du meurtre de Margaret Schäfer, une jeune prostituée étranglée avec son propre soutien-gorge. Unterweger a vingt-six ans lorsque tombe sa condamnation à la prison à vie – un minimum de quinze années. Incarcéré, il commence à écrire des nouvelles, des poésies, et surtout une autobiographie, Fegefeuer (Purgatoire, 1984) qui le fait mieux connaître. Sous la pression d’intellectuels autrichiens qui se portent garant de sa rédemption, l’homme retrouve la liberté, le 23 mai 1990.
Invité à des émissions de télévision pour évoquer la réinsertion, à écrire pour des magazines sur la criminalité aux Etats-Unis, Unterweger est arrêté de nouveau – cette fois par le FBI, à Miami (27 février1992) –, après la découverte de prostituées étranglées selon son mode opératoire. L’Autriche le reconnaît coupable de neuf homicides et l’emprisonne une seconde fois (29 Juin 1994). La nuit même, il se pend dans sa cellule, usant d’un nœud coulant caractéristique retrouvé sur les scènes de crime.
Conçu et mis en scène par Michael Sturminger, The Infernal Comedy s’inspire de ce fait divers scabreux, jonglant avec angoisse et ironie, comme avec vérité et mensonge – car faut-il accorder du crédit à tout ce qui se raconte sur un tueur en série, voire à son propre récit ? Charmant et inquiétant tour à tour, John Malkovich incarne ce personnage invité à une séance de dédicace, que son éditeur a flanqué de deux soprani – lesquelles incarnent cette émotion féminine si importante dans la vie de Jack.
Accompagnées par Martin Haselböck, tonique autant que tragique, à la tête de l’Orchester Wiener Akademie jouant sur instruments d’époque, Laura Aikin (sonore, épanouie) et Aleksandra Zamojska se partagent des airs remplis de douleur, de tristesse et de trahison. Ainsi, se côtoient Vivaldi (Sposa son disprezzata, extrait d’Ottone in villa), Haydn (Scena di Berenice), Mozart (Vorrei spiegarvi, oh Dio / Ah Io prevedi), Beethoven (Ah, perfido !), Weber (Ah, se Edmondo fosse l’uccisor !, extrait d’Hélène), mais aussi Gluck et Boccherini.
Si l’on a été sensible à ce spectacle d’une heure et demie, on pourra visionner un bonus durant moitié moins de temps. De façon traditionnelle, on y trouve des images du spectacle, celles de répétitions, ainsi que des commentaires variés (interprètes principaux, costumière, biographe, etc.) sur la personnalité d’Unterweger, l’imbrication d’interventions imaginaires avec la musique et les répercutions médiatiques à l’heure d’aujourd’hui.
LB