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Dossier
un week-end français
Festival Palazzetto Bru Zane, édition 1
Depuis plusieurs années déjà, le Centre de musique romantique française de Venise s’engage intensément dans la redécouverte d’un répertoire nettement plus vaste qu’il n’y paraît [lire notre dossier d’octobre 2010]. Si ce grand œuvre ne se contente pas de la Sérénissime et conquière l’Europe entière, via de fructueux partenariats et coproductions, l’équipe de passionnés du Palazzetto Bru Zane, à l’initiative de nombreuses résurrections d’importance, a décidé d’investir le Théâtre des Bouffes du nord pour un nouveau festival de printemps. Ainsi le public parisien retrouvera-t-il désormais chaque année un peu de l’esprit si particulier des salons du Palazzetto, dans un lieu dont la patine unique présente le charme nostalgique et l’acoustique idéaux.
Tandis que l’année vénitienne du Palazzetto abandonne son articulation en deux festivals au profit d’une saison plus enracinée sur la durée et dans la ville, resserrant la relation privilégiée avec le public italien, pensée en trois séries qui se développent du 28 septembre 2013 au 30 mai 2014 – concerts hors thématiques : douze rendez-vous entre le 7 novembre et le 30 mai ; festival Charles-Valentin Alkan, un précurseur du piano moderne : neuf concerts, du 28 septembre au 23 octobre ; festival Félicien David, de Paris au Caire : huit programmes joués du 5 avril au 17 mai –, nous retrouverons prochainement à Paris quelques-uns des artistes volontiers complices de ces activités, au fil d’une première édition du Festival Palazzetto Bru Zane consacré au piano romantique, dans une acceptation large. Ainsi Wilhem Latchoumia [photo] vous fera-t-il explorer la veine wagnérienne (dimanche 9 juin, à 15h) à travers Paraphrase über « Die Walküre » d’Hugo Wolf [lire notre chronique du 8 février 2013], Isoldes Liebestod aus « Tristan und Isolde » de Ferenc Liszt [lire notre critique du CD] et la plus que rare Fantaisie en fa # mineur de Wagner lui-même (1831), mais encore par l’intermédiaire d’une transcription signée du Triestin Alfred Jaëll (1832-1883), un parcours ingénieusement « contrepointé » par quatre des esquisses Op.63 de Charles-Valentin Alkan (1861) en début de récital.
Le caractère souvent solitaire du piano s’abandonne dans le duo Jean-François Heisser et Marie-Josèphe Jude (lundi 10 juin, à 20h30) qui jouera l’Ouverture du fliegende Holländer (Wagner) dans la transcription de Claude Debussy, la fameuse Symphonie fantastique d’Hector Berlioz, adaptée par Jean-François Heisser lui-même, et la Sonate en ré mineur Op.66 de Gouvy (1876), compositeur lorrain qui fit le sujet du festival Théodore Gouvy, entre France et Allemagne dont vous parlaient récemment nos pages [lire nos chronique du 19 et du 17 mai 2013] :
ces deux moments sont donc à situer dans l’entre-deux du printemps vénitien 2013 (Gouvy) et de son automne (Alkan), mais encore – de même que l’expérience Vaisseau fantôme de la semaine dernière [lire notre chronique du 21 mai 2013] – dans l’aura du bicentenaire Richard Wagner.
D'un piano à deux, nous en arrivons à l’intégration de l’instrument dans le trio à cordes, les doigts de Boris de Larochelambert s’associant les archets d’Antoine Landowski (violoncelle) et Philippe Talec (violon) au sein du Trio Chausson que vous entendrez (dimanche 9 juin, à 11h) dans le Trio en la mineur Op.34 n°2 de Cécile Chaminade (1887) et le Trio en sol mineur Op.3 d’Ernest Chausson (précisément !) – si wagnérien avec son Roi Arthus (1886-95), selon une tendance du temps diversement partagée avec Sigurd d’Ernest Reyer (1867-84) ou Gwendoline d’Emmanuel Chabrier (1886).
Faut-il encore présenter le Quatuor Ardeo ?
Anaclase a salué plus d’une fois les violonistes Olivia Hughes et Carole Petitdemange, l’altiste Lea Boesch et la violoncelliste Joëlle Martinez, qu’elles jouent Béla Bartók [lire notre chronique du 23 mars 2013], Kaija Saariaho [lire notre chronique du 10 avril 2011], Antonín Rejcha [lire notre chronique du 16 octobre 2010, à propos d’une soirée du Palazzetto Bru Zane], Jonathan Harvey [lire notre chronique du 27 juillet 2009] ou Charles Kœchlin [lire la critique du CD récompensé par notre rédaction]. Cet énoncé suffirait à lui seul à prouver l’éclectisme fécond de cet ensemble ô combien talentueux auquel est confié l’ouverture du festival (samedi 8 juin, à 20h30) : en compagnie du jeune pianiste David Violi [photo] seront donnés le Quintette en fa # mineur de Reynaldo Hahn (1921) et le Quintette en fa majeur de Théodore Dubois (1905).
Outre les quelques cinquante événements qu’il présente in loco et quelques trois cent cinquante concerts donnés en Italie, France, Belgique, Allemagne, etc., le Centre de musique romantique française prolonge sa mission par l’édition d’ouvrages et d’enregistrements (par forcément effectués en live, d’ailleurs, mais bien plutôt dans le souci de réunir les meilleurs conditions possibles) de la redécouverte desquels il est l’initiateur. Dans la continuité de la fort belle collection Opéra français que nous accompagnons volontiers [lire nos critiques de Sémiramis de Charles-Simon Catel (1802), d’Amadis de Gaule de Johann Christian Bach (1779) et de Thérèse de Jules Massenet (1906)], paraîtront bientôt Thésée de François-Joseph Gossec (1782) et Le Mage de Jules Massenet (1891), – version entendue cet automne à Saint-Étienne [lire notre chronique du 9 novembre 2012]. Avec les volumes Prix de Rome, ces deux collections discographiques s’enrichissent désormais de la benjamine Portraits de compositeurs dont le coup d’envoi se concentrera sur Théodore Gouvy.
À suivre...
Festival Palazzetto Bru Zane
Théâtre des Bouffes du nord
37 bis, boulevard de la Chapelle
75010 Paris
01 46 07 34 50 (de 13h à 18h)
site bouffesdunord.com