• pages de chevet

Vincent Borel rassemble aujourd'hui vingt-six articles parus dans la revue Opéra international, qui constituent la matière de son nouveau livre, « né du désir d'explorer l'opéra non comme un ensemble d'œuvres formant un répertoire, mais comme une culture dont le centre serait son bâtiment ». Ainsi, le romancier et chroniqueur évoque l'histoire de la baignoire, du rideau séparant les planches des fauteuils, des miroirs permettant de lorgner la loge royale, ou celle du souffleur, passant des coulisses à l'avant-scène.

Alors, pourquoi avoir qualifié, en sous-titre, son abécédaire d'impertinent ? Certes les affaires de cachet et d'embonpoint de certains artistes restent des sujets sensibles à évoquer car toujours à la frontière de la vie privée et du ragot ; mais n'est-il pas louable de revenir, ne serait-ce qu'au Palais Garnier, aux succès et naufrages de l'art lyrique, aux applaudissements modestes, feutrés – ou au contraire délirants, organisés par la claque (abolie en 1910) –, aux traditions un rien désuètes (vendredis habillés jusqu'en 1970) ?

Tous ces détails, en apparence insignifiants, nous replonge dans l'histoire de l'opéra, avec ses castrats, ses démêlées avec l'Église, ses querelles artistiques, ses incendies célèbres... Sûr de ses connaissances, Vincent Borel n'est avare ni de dates célèbres, ni de titres et de résumés d'ouvrages, et nous rappelle plus d'une fois (Laquais, Utopie, Zonard) combien l'histoire de l'art est liée à celle des mœurs et des affaires de son temps. Malgré quelques pistes intéressantes suivies par l'auteur, sur la longueur, la forme déstructurée qui est propre à un abécédaire conduit plus à divertir qu'à marquer durablement la pensée du lecteur.

LB