Chroniques

par laurent bergnach

Vincenzo Bellini
I puritani | Les puritains

1 DVD Opus Arte (2012)
OA 1091 D
Vincenzo Bellini | I puritani

Composé à partir d’avril 1834, l’ultime ouvrage du créateur de Norma [lire notre critique du DVD] et de Beatrice di Tenda [lire notre critique du DVD] – autres tribulations amoureuses qui s’enracinent dans la vérité historique avec plus ou moins de désinvolture – est créé avec succès au Théâtre-Italien de Paris le 25 janvier 1835. Le melodramma serio en trois actes, conçu par Bellini (1801-1835) et son librettiste Carlo Pepoli, s’inspire de Têtes rondes et Cavaliers (1833), drame d’Ancelot et Boniface qui dépeint une guerre civile dans l’Angleterre du XVIIe siècle, avec pour protagonistes les Têtes rondes (surnom donné aux puritains, calvinistes partisans du Parlement conduits par Cromwell) et les Cavaliers qui soutiennent leur souverain Charles I et sa volonté d’imposer par la force l’anglicanisme (voie médiane entre catholicisme et Réforme). Bien sûr, comme souvent à l’opéra, nul besoin de revoir ses cours d’Histoire avant de gagner sa loge, ainsi que le confirme Veronika Burger dans la notice accompagnant le DVD :

« pourtant riches de tensions, les différences de croyances sont pour Bellini inintéressantes tant sur le plan thématique que dramaturgiques, car elles ne motivent aucune des actions du drame, ne conduisent à aucun débat moral de fond et ne vont même pas jusqu’à rendre les noces d’Elvira tout bonnement impossibles. […] Ce n’est pas, en définitive, entre puritains et partisans des Stuarts qu’il faut chercher ce qui dans l’opéra de Bellini apparaît comme source de contraste, pas d’avantage entre Arturo et Riccardo, mais entre le monde lucide de la raison er cette folie qui en démontrera l’absurdité ».

Rendue folle par le départ de son futur époux avec une reine évadée qu’elle prend pour une rivale, Elvira apparaît au début de l’Acte II telle un cas clinique donné à voir dans un amphithéâtre, dont son oncle décrit l’état d’esprit aux occupants attentifs des gradins. Malheureusement, c’est l’une des rares idées de Francisco Negrin pour cette nouvelle production présentée pour la première fois au De Nederlandse Opera (Amsterdam), le 4 février 2009 ; puis en tournée [lire notre chronique 26 janvier 2011]. En effet, soutenue par un luxe de décors et encombrée d’agitations futiles (menaces, empoignades), sa vision de l’ouvrage s’avère prétentieuse et moins efficace que d’autres d’apparence plus classique – celle d’Andreï Serban, par exemple [lire notre critique du DVD]. C’est d’autant plus décevant que notre média avait apprécié Temistocle (Bach) [lire notre chronique du 26 juin 2005] et L’arbore di Diana (Martin y Soler) [lire notre chronique du 25 novembre 2011].

Un demi-siècle après Callas [lire notre critique du CD], nombreuses sont celles à laisser une trace de leur approche du rôle principal. Après un début difficile (vibrato encombrant et acidité), le timbre de Mariola Cantarero gagne en rondeur et le chant en souplesse, offrant une foule de nuances et de délicatesses suraigües. À l’inverse, parfaitement dans le style, John Osborn (Arturo) connaît quelques rares enrouements au terme d’un parcours fondé sur une conduite et un legato enchanteurs. Scott Hendricks (Riccardo) combine voix lourde et grand souffle, tandis que Riccardo Zanellato (Giorgio) offre velours et douceur à son interprétation. Exception faite de Daniel Borowski (Gualtiero), coloré mais ingrat, Fredrika Brillembourg (Enrichetta) et Gregorio Gonzalez (Bruno) complètent agréablement la distribution.

Outre la direction onctueuse et intense de Giuliano Carella à la tête d’un Orchestre Philharmonique des Pays-Bas et d’un chœur maison impeccables, signalons la présence d’un bonus d’une dizaine de minutes (sans sous-titres). Des images de répétitions alternent avec des entretiens qui permettent de comprendre les choix de décor, notamment.

LB