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Chroniques
Voilà pourquoi la musique est la chose la plus importante
un portrait d’Annette Dasch
Née à Berlin en 1976, Annette Dasch étudie le chant avec le baryton-basse Josef Loibl, à la Hochschule für Musik und Theater de Munich. Avant sa trentaine, on retrouve le soprano sur les scènes européennes, enchaînant des productions de Königskinder (Munich), Don Giovanni (Milan), Il re pastore (Salzbourg), Les contes d’Hoffmann (Paris) ou encore Genoveva (Wiesbaden). Elle eut Marc Piollet comme collègue de cette dernière aventure, un chef qu’elle retrouve le 3 avril 2011 à la tête du Münchner Rundfunkorchester, lors d’un concert à la Residenz (Herkulessaal).
Die Gretchenfrage (La question de Gretchen), qui fait le titre de ce DVD, se réfère à un besoin viscéral de l’innocente Margarete de Goethe : savoir ce qu’il en est de la religion et de la croyance pour l’autre – en l’occurrence Heinrich Faust, parangon du chercheur et scientifique qu’un pacte diabolique répugne peu, comme on le sait. Annette Dasch souhaite rendre hommage à la pieuse amante de l’érudit, mais aussi à d’autres personnages de femmes désespérées, sinon au seuil de la mort, qui se tournent vers le ciel. Ainsi entendons-nous différentes romances et prières extraites d’opéras (Otello, Genoveva, Faust), musique de scène (Rosamunde, Fürstin von Zypern) et légende dramatique (La damnation de Faust). Elles alternèrent avec d’autres pages vocales orchestrées ultérieurement, telles Gretchen am Spinnrade (Schubert/Reger), Ave Maria (Schubert/Zorzor), ainsi que Composizioni da camera n°3, n°5 et n°7 (Verdi/Berio) – preuve que l’artiste aime toujours arpenter les sentiers oubliés [lire notre chronique du 10 mars 2007].
Quand Marc Piollet enthousiasme par un sens de la nuance et du relief qui ne dédaigne pas un certain ancrage baroque – élégants ballets ciselés de Rosamunde, flamboyante Valse de Faust –, la chanteuse séduit d’emblée avec un Gretchen am Spinnrade habité et inquiet, débarrassé de sa mièvrerie possible. De même qu’elle s’adresse régulièrement au public pour détailler la thématique de la soirée, elle conserve notre intérêt jusqu’à l’Air des bijoux final, fabuleux de fraicheur et d’espièglerie, à l’instar d’une improvisation.
Conquis par ce récital avec orchestre, nous suivons d’autant plus facilement le documentaire qui l’escorte, lequel présente différentes facettes du soprano durant la saison 2010/2011 : l’artiste répète Lohengrin à Bayreuth [lire notre critique du DVD] et Die lustige Witwe à Genève, déchiffre des Lieder avec Helmut Deutsch et prépare une de ses émissions devenue culte, Annettes Daschsalon, où éclate sa joie à partager la musique avec le plus grand nombre.
LB