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Chroniques
Wolfgang Amadeus Mozart
œuvres avec cordes
On le sait : il faut fêter l'année Mozart, soit un 250ème anniversaire des plus artificiellement préparé par l'absurdité d'une société occidentale qui n'admet plus que des dynamiques de consommation. Alors, dans la déraisonnable inondation d’énièmes versions des opéras, sonates, quatuors, quintettes, divertimenti et tutti quanti, gravées par les artistes du moment ou rééditées parmi les galettes archivées, on se réjouira que, plus discrètement, certains labels profitent de l'ombre portée par cette grand'messe dont les prêtres assoient le bon dieu sur un boulier pour oser prendre le risque de nous faire découvrir quelques raretés ; et c'est le cas d'Arion qui publie aujourd'hui deux concerti pour piano dont les parties d'orchestre furent transcrites pour quatuor à cordes, à des fins éditoriales, par la main de Mozart.
Dès l'abord, on remarquera la belle tonicité d'articulation du Quatuor Debussy, introduisant magnifiquement l'Allegro du Concerto en fa majeur K.413 n°11. C'est avec une élégante santé que le jeu de François Chaplin y fait son entrée, laissant bientôt son piano gagner une profondeur moins attendue qui annonce le deuxième mouvement. Ici, même dans les passages les plus accentués dont la jovialité rayonne, la sonorité demeure moelleuse sans pour autant masquer les attaques, toujours minutieusement équilibrée. Et l'étonnante porte de sortie de l'éternelle question des oppositions dans les échanges solistes/orchestre n'est certes pas la moindre vertu de cette version qui laisse tout loisir au pianiste comme aux quartettistes de faire le plus simplement qui soit de la musique ensemble ! Le Larghetto revêt alors des atours tendrissimes où les quelques contrastes et vagues froncements de sourcils du clavier ne prennent jamais des allures de drame ; de même la relative précarité du quintette révèle-t-elle plus certainement un intérêt harmonique que des questions de timbres masquent dans l'orchestration. Puis le Rondo final donne à entendre la maîtrise de la différenciation des frappes d'un Chaplin excellemment sensible et joueur.
C'est dans un tout autre costume qu'est ensuite livré le Concerto en la majeur K.414 n°12, cette lecture chambriste en soulignant ingénieusement la fausse légèreté de Divertimento dès un Allegro à la grâce inquiète où la volubilité de l'écriture pour clavier hésite pudiquement. De fait, François Chaplin n'en force jamais le trait, comme regardant le chant se dérouler devant lui. La langueur de l'Andante central trouve dans le fondu délicatement ménagé de la déambulation pianistique une expressivité idéalement mise en relief par l'accentuation choisie des cordes ; le solo entretient une pâte nouvelle qui invite à une médiation attristée bientôt gagnée par la timidité d'un Allegretto que les artistes semblent avoir souhaité subtilement timide.
C'est un parcours qui s'assombrit progressivement que propose ce programme, puisqu'il s'achève par l'Adagio et Fugue pour cordes en ut mineur K.546, écrit six ans plus tard. Si la lenteur de l'Adagio déconcerte sans séduire, l'âpreté de la Fugue y est plutôt bienvenue.
BB