Chroniques

par hervé kœnig

récital Zoltán Kocsis
Teatro Sociale de Bellinzona (1998)

1 DVD Silverline Classics (2003)
80013
récital au Teatro Sociale de Bellinzona (1998)

Filmé au Teatro Sociale de Bellinzona, en Suisse, voici un récital plus ancien que celui de La Roque d’Anthéron présenté ici même, à l'automne dernier [lire notre critique du DVD]. En 1998, Zoltán Kocsis (né à Budapest le 30 mai 1952) jouait déjà Beethoven et Schubert sur les scènes européennes, et commençait son programme par la Fantaisie n°3 en Ut mineur K. 475 de Mozart. Avec l'impact du premier accord, on est tout de suite plongé dans la musique. Étirant l'œuvre souvent entendue de façon plus tonique, il lui confère un recueillement non exempt de lourdeur (rubato). Ce qui intéresse manifestement le pianiste, c'est – tout en portant le chant – d'accorder plus d'attention à préciser les différentes frappes que de faire ressortir les nuances, ou de mettre en avant les contrastes. Sur l'Allegro, on est proche de Beethoven, ce qui permet d'installer un même climat d'une première œuvre à la seconde (le Maestoso du début), et donne une cohérence agréable à ce programme.

L'Arrietta de cette Sonate n°2 en Ut mineur Op.111 est abordée encore dans la résonance du mouvement précédent. Cette suite de variations extrêmement longue est amenée de façon particulièrement brillante, mais sans verser dans le spectaculaire non plus. La nuance est toujours là, malgré la saccade rythmique. Grâce au jeu particulièrement concentré du Hongrois, l'œuvre devient une grande architecture fascinante !

Pour finir, voici la Sonate en la bémol majeur D. 960. Le thème d'exposition est pris comme un préambule, une sorte de récitatif chargé et libre, qui peu à peu se construirait en thème véritable du premier mouvement – Molto moderato. On a l'impression de faux départs continuels, pas loin de l'esprit d'improvisation, mais aussi d'une absence d'unité : sous les doigts de Kocsis, ce passage devient une ribambelle de petits morceaux accolés.

Même si elle nous paraît chaotique, l'option est intéressante car elle nous renvoie au talent – aux limites, diront certains – de miniaturiste de Schubert. Mais le tempo extrêmement mobile, le manque de régularité, finissent par ennuyer l'auditeur prit dans une fin de mouvement languissante… À l'inverse, l'Andante sostenuto est abordé de façon plus rapide, alors qu'on attendait un passage plus méditatif. La dynamique est donc peu convaincante, même si l'interprète fait sonner magnifiquement l'harmonie du compositeur autrichien.

HK