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Chroniques
Carl Nielsen
œuvres pour orchestre
La musique de Carl Nielsen (1865-1931) peine à s'imposer en dehors des pays scandinaves et du monde anglo-saxon. C'est navrant car les symphonies, la musique de scène et les opéras du maître danois sont des merveilles qu'il est indispensable de connaître. En parallèle d'un catalogue Nielsen bien fourni mais assez faible en qualité (l'intégrale des symphonies enregistrée par Adrian Leaper à la tête de l'Orchestre National d'Irlande ne peut faire illusion), Naxos nous offre ici un album idéal pour découvrir l'œuvre du compositeur. La qualité des phalanges scandinaves n'est plus à prouver mais l'Orchestre Symphonique du Jutland-du-Sud livre une prestation de haute volée : l'homogénéité du groupe, la précision des pupitres, la richesse des timbres et l'écoute mutuelle des instrumentistes sont saisissantes. L'auditeur se régale les tympans d'autant plus que, pour une fois, la prise de son Naxos est d'une profondeur et d'une dynamique digne des meilleurs labels hifistes.
La suite extraite de la musique de scène d'Aladin (1919) est une succession de pages brillantes et mélodiques caractéristiques du génie de Nielsen. L'orchestration particulièrement fournie et inventive est un bonheur permanent. Le chef d'orchestre Niklas Willén et ses troupes se hissent sans peine au sommet d'une discographie aux cotés de l'enregistrement de Herbert Blomstedt à la tête de l'Orchestre de San Francisco (Decca). Maskarade (1904-1906) est le second ouvrage lyrique du compositeur ; l'ouverture de cet opéra comique, dont le sujet se situe quelque part entre les Noces de Figaro et Così fan tutte, est virtuose et endiablée à souhait, tandis que le prélude de l'Acte II est plus intime et mélancolique.
Le poème symphonique Pan et Syrinx (1917-1918) suit de peu la composition de la Symphonie n°4. Si l'orchestration, toujours aussi innovante, fait la part belle aux percussions, le ton est tendu et les climats sont rauques. Nielsen se laisse même aller à quelques dissonances dans les pupitres de cordes. L'ouverture Hélios (1904) est inspirée d'un séjour en Grèce et présente le lever et le coucher du soleil sur la mer. La partition, avec ses fanfares de cuivres, est puissamment évocatrice. Le bref Cupid et le poète (1930) est de belle facture. Il tire son style des formes de la musique baroque. Saga-drom (Rêve de saga, 1907) est un songe permanent aux traits élancés et aux cuivres vaillants. Cet enregistrement enthousiasmant est assurément l'un des meilleurs disques de musique symphonique de l'année.
PJT