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Chroniques
Juan García de Salazar et Alonso Tomé Cobaleda
Miércoles de Tinieblas
« C’est au cours de l’année 2016, alors que nous étions étudiants à Bâle, que nous avons découvert, anodinement posé sur une étagère familiale, le catalogue des archives musicales de la cathédrale de Zamora », annonce d’emblée le corniste Lucien Julien-Laferrière, directeur artistique de Semura Sonora, l’ensemble dédié à la musique ancienne qu’il a fondé, en 2019, avec l’hautboïste Clara Espinosa Encinas, précisément en territoire zamoran – au cœur du XIIe siècle y naissait le royaume du Portugal, via la signature d’un traité entre les deux Alphonse : le Conquistador Afonso Henriques (1109-1185), comte du Portugal, et Alfonso VII de León y Castilla (1105-1157), Imperator totius Hispaniæ.
Les musiciens de Semura Sono, formés à la Schola Cantorum Basiliensis pour la plupart, pratiquent l’interprétation historiquement informée sur copie d’instruments d’époque, tout en poursuivant de nombreuses recherches quant aux textes. Le répertoire choisi ? Celui des Espagne des XVIIe et XVIIIe siècles, principalement mais pas exclusivement. En la Catedral del Salvador (Zamora), l’ensemble se produit dans le cadre de Sonoridades olvidadas, une série de concerts qu’il a lui-même mis en place, et qui, comme l’indique son titre, permet de faire entendre des pages désormais inconnues, puisées dans les archives du lieu.
Ainsi enregistre-t-il, en octobre 2022, à Toro (à une dizaine de lieues à l’est de la capitale de la province), en l’église du monastère royal du Saint Esprit, ce CD consacré au mercredi des Ténèbres – les offices du jour commençant aux laudes de la veille, il faut en réalité comprendre jeudi en lisant mercredi –, empruntant sa musique aux maîtres de chapelle Alonso Tomé Cobaleda (1683-1731) et Juan García de Salazar (1639-1710), actifs au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, au moment où la cathédrale zamorane connut sa plus grande stabilité, nous informe le musicologue Alejandro Luis Iglesias qui signe la notice du disque, auteur d’En torno al barroco musical español : el oficio y la misa de difuntos de Juan García de Salazar (Université de Salamanque, 1989).
Aux instrumentistes s’associent huit voix, celles des soprani Lina Marcela López Sánchez, Laura Martínez Boj et Brenda Sara Mau, des alti Gabriel Díaz Cuesta et Hugo Bolívar Adabías, des ténors Ferran Mitjans Campmany et Andrés Miravete Fernández, enfin celle de la basse Francisco Javier Jiménez Cuevas. Après la Lamentatio liminaire, de la plume de Salazar, la reconstitution de l’office imaginaire emprunte à son élève et successeur Alonso Tomé Cobaleda, avec des pages conçues entre 1711 et 1723.
BB