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Chroniques
récital Edda Erlendsdóttir et Bryndis Halla Gylfadóttir
Enesco – Janáček – Kodály – Martinů
Bryndis Halla Gylfadóttir et Edda Erlendsdóttir sont Islandaises ; la première a obtenu son diplôme du Conservatoire de Reykjavik en 1984 et un poste de premier violoncelle solo à l'Orchestre Symphonique d'Islande en 1990, tandis que la seconde, titulaire du C.A. de piano, lauréate de la Fondation Yehudi Menuhin, est venue enseigner à Lyon puis à Versailles. Avec beaucoup de nuances, elles nous offrent quatre morceaux venus de différentes régions d'Europe de l'Est.
Imprégné de musique folklorique hongroise, Zoltán Kodály (1882-1967) a appris très jeune à jouer du piano et d'instruments à cordes… parfois même de sa création – « J'avais quatre ans quand j'ai pris l'écumoire de ma mère, ai passé des cordes dans ses trous et les ai attachées à l'extrémité du manche ». Doué pour l'improvisation et la composition malgré une instruction sommaire, il commence sa formation musicale à Budapest. Sa collaboration avec Béla Bartók est le début d'une grande amitié, même si l'œuvre agressive de l'aîné rencontre plus de succès que la sienne, plus méditative et empreinte d'impressionnisme français. On retrouve cette influence dans le premier mouvement de la Sonate pour violoncelle et piano Op.4, créée en 1910, qui s'ouvre sur un solo de violoncelle d'une grande tristesse, avant que le piano ne vienne l'égayer de ses miroitements. Définitivement consolé, les deux enchaînent alors un second mouvement, Allegro con spirito.
Debussy a également marqué un autre compositeur. Quand il quitte ses montagnes de Bohème pour étudier à Prague, le Morave Bohuslav Martinů (1890-1959) rencontre Claude de France, qui sera la grande révélation de sa vie. Son installation en France, de 1923 à 1940, lui permet d'échapper au culte de Smetana tout en se rapprochant du Groupe des Six, du néo-classicisme, du madrigal anglais… Mais le folklore de son pays est sa meilleure source d'inspiration, surtout après son exil américain d'après-guerre. Variations sur un thème slovaque, composé l'année de sa mort, reflète la nostalgie des jeunes années.
Né dans les Carpates de Roumanie, Georges Enesco (1881-1955) est l'exemple même du musicien complet et accompli qui n'a pas été reconnu à sa juste valeur. Violoniste virtuose, pianiste et violoncelliste émérite, chef d'orchestre, compositeur prolixe, il semble qu'on peine à redécouvrir une œuvre dont il s'avouait jamais satisfait. Le musicien a passé la majeure partie de sa vie à Paris, si bien que sa Sonate pour violoncelle et piano n°2 (1935) est marquée par cette double influence des racines folkloriques roumaines et de la culture musicale française. Un mélange qui fait la richesse et l'étrangeté de cette troisième étape.
Autre enfant de Tchécoslovaquie : Leoš Janáček (1854-1928). Né en Moravie, il a étudié à Brno, Leipzig, Vienne. Si l'on joue peu aujourd'hui ses morceaux de jeunesse, c'est que le compositeur, mort à soixante-quatorze ans, a écrit le meilleur de son œuvre après soixante ans. C'est le cas pour Pohadka, inspiré d'un conte de fées du poète russe Vassili Zhukovsky. Éditée en 1923, sa version en trois mouvements, la plus communément jouée, date de 1910. Si le piano peut évoquer la voix de la belle Marya, fille du Maître des Enfers, et le violoncelle les épreuves imposées au Prince qui en est amoureux, Janáček n'a pas souhaité en faire une œuvre à programme.
SM