Chroniques

par hervé könig

La Calisto | Calixte
opéra de Francesco Cavalli

Longborough Festival Opera
- 31 juillet 2019
Mathilde Lopez met en scène une catastrophique "Calisto" à Longborough...
© matthew williams-ellis

Après une quinzaine de jours de randonnée en Cumbria, dans le Lakeland, retour au sud et à l’opéra pour une ultime soirée anglaise. Si l’on y avait beaucoup apprécié Anna Bolena et La fiancée vendue il y a un mois [lire nos chroniques des 29 et 30 juin 2019], la présente Calisto dans les Cotswolds pourrait bien être celle de toutes les déceptions… Certes, il s’agit là d’une mythologie rocambolesque dont l’héroïne est changée en ours, selon Ovide ! La tentative de modeler la mise en scène aux gestes de notre quotidien s’avère malgré tout un exercice non seulement périlleux mais, ici, définitivement désastreux. Les allégories deviennent des femmes de ménage, les dieux des dragueurs miteux et ainsi de suite, sur le parking d’un night-club pourri. Il ne faut pas oublier le nom de Mathilde Lopez, afin de ne plus souffrir face à ses spectacles.

L’autre mauvaise idée de la soirée est d’en avoir confié la partie musicale à Lesley Anne Sammons et à Barefoot Band qui ont trouvé malin d’ajouter aux instruments baroques un accordéon, une batterie, une clarinette, une contrebasse et même – mais si, mais si ! – une guitare électrique. Le recitar cantando est évidemment bousculé par cette dernière, voire brutalement annulé. Est-ce que l’obsession baroqueuse du son « authentique » sur instruments historiquement renseignés est devenue si insupportable à certains qu’il faille se rebeller par une provocation de ce type ? L’inflexion générale abandonne définitivement le XVIIe siècle lorsqu’elle invite jazz et tango pour mieux faire tanguer les puristes. Sans l’être, il faut avouer que cette réécriture exaspère non parce qu’elle serait irrespectueuse mais parce qu’elle n’apporte rien du tout.

Alors ? Les voix… Elles sont jeunes et de bonne volonté, et l’on se prend à penser que de plus expérimentées auraient résister fermement aux aléas de la production. Le baryton très projeté de Brian McAlea s’avère sans conteste le chanteur le plus intéressant de la soirée, si l’on passe sur l’accumulation de gags que la mise en scène exige de son Endimione – cette remarque est valable pour tous les rôles, d’ailleurs. Le timbre est chaleureux, avec des harmoniques graves sur toute l’étendue de l’instrument, et la musicalité n’est jamais laissée pour compte. Mercurio et Giove nécessitent beaucoup de concentration pour oublier les excès de jeu de ces machos remuants. Neil Balfour donne un Mercure bien-chantant, d’un baryton-basse généreux. Jupiter est servi par un troisième baryton, d’un format plus léger, l’aérien Felix Kemp, couvert par la malheureuse poignée de musiciens et leurs rythmes tordus.

Du côté des dames, le mezzo-soprano Sophie Goldrick maîtrise parfaitement la dimension théâtrale de sa Diana, mais on ne l’entend guère. La Giunone de Zita Syme perce les tympans, aucun doute là-dessus, mais qu’en est-il de la musique, à part cela ?... Enfin, Chiara Vinci s’en sort nettement mieux dans le rôle-titre : d’abord timide, la voix s’affirme peu à peu. Le chant est gracieux et gentillet, au moins.

HK