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Chroniques
Peter Rundel dirige l’Orchestre Philharmonique de Nice
Ligeti, répertoire et résonance
Tout ayant une fin, c’est le dernier rendez-vous de l’édition 2007 de Manca, ouverte il y a huit jours par une mise en regard du piano des premières années de Ligeti à celui d’Ivan Fedele, et que referme, le plus logiquement qui soit, ce concert où deux compositeurs d’aujourd’hui côtoient l’œuvre de leur aîné hongrois.
Avec Agile, Giovanni Verrando détourne savamment une prémonition initiale faussement néotonale qu’il ruine peu à peu jusqu’au bruissement. On devine une énergie retenue, peut-être une ironie sérieuse, le recours certain à un miroir jamais complaisant. À la tête de l’Orchestre Philharmonique de Nice, Peter Rundel [photo] livre une interprétation prudente qui semble un peu molle. Les instrumentistes de la formation méditerranéenne se montrent nettement plus à leur aise dans les procédés auxquels recourt Practice d’Edmund Campion, donné en première française, une partition qu’on pourra dire postmodernetant elle intègre de solutions à faire mouche. Si, de prime abord, la surenchère de recettes irrite, la superposition de références et de motifs induite finit par créer une étonnante inertie.
Chacune de ces pièces recourant à l’électronique est suivie d’un « classique » qui, en son temps, tentait d’éclater (ex ou in) l’orchestre par les moyens du moment. Tout d’abord, le Double concerto écrit par Ligeti il y a plus de trente ans. L’exécution bénéficie d’un soin assez minutieux, comme en témoigne dès l’abord l’effet de naissance des timbres dans le recours fort équilibré aux trois flûtes d’où sourd discrètement la soliste Isabelle Demourioux. La réalisation des entrelacs s’avère efficace, les relais de couleur plutôt subtils, et l’on goûte le beau travail de François Meyer à l’hautbois. L’on déplore cependant des cuivres fragiles et, surtout, un pupitre de contrebasses trop approximatifs. À la décharge des musiciens, rappelons que cette musique est loin de leur répertoire habituel (outre de se produire en saison symphonique dans des programmes plutôt anciens, il s’agit bien d’un orchestre de fosse, habitué à soutenir les ouvrages lyriques du passé). La soirée s’achève par San Francisco Polyphony, conçu deux ans plus tard. La mise en place en est plus fiable, dans une interprétation qui, là encore, joue la carte de la prudence.
BB