Chroniques

par bertrand bolognesi

Présences Olga Neuwirth

Auditorium / Maison de la radio et de la musique, Paris
- 4 et 8 février 2025
L'édition 2025 du festival PRÉSENCES fête la musique d'Olga Neuwirth...
© radio france | christophe abramowitz

Après Tristan Murail il y a trois ans, Unsuk Chin en 2023 puis Steve Reich l’hiver dernier, Présences, le festival annuel de la création de Radio France, invitait cette fois Olga Neuwirth. Au fil de dix concerts, le public put se plonger dans la musique de la compositrice autrichienne, dont furent joués onze opus. Maintenir le cap n’est certes point aisé, en un temps si dur pour la culture qui actuellement fait le nôtre, et si l’on se souvient d’une époque où l’événement couvrait deux semaines et trois week-ends, il faut, tout de même, s’estimer heureux que, certes ramassé sur six journées, soit une période qui en fait un marathon, Présences ait encore lieu. Cela durera-t-il ? Une édition 2026 est bel et bien annoncée, dont le phare sera Georges Aperghis – on s’en réjouit !

Les chiffres, d’abord : six premières françaises, vingt-six créations mondiales sur quarante-et-une œuvres au programme, ce n’est pas rien. Il convient donc de saluer la conviction et l’action de Pierre Charvet, délégué à la création musicale à Radio France, ainsi que Michel Orier, directeur de la musique et de la création ici-même, de maintenir une telle politique, non seulement à travers Présences, d’ailleurs, mais tout au long de la saison, puisqu’entre le 13 septembre dernier et le 27 juin prochain, une vingtaine de commandes ont vu ou verront le jour (sans compter celles du festival).

Présences est, bien sûr, l’occasion pour le mélomane de venir à la Maison ronde découvrir ses contemporains, même si la formule d’origine n’est plus d’actualité – autrefois, tous les concerts étaient gratuits, ce qui n’est plus le cas –, mais aussi celle de la diffusion sur les ondes de l’intégralité des concerts. Ainsi celui de la soirée d’ouverture, le 4 février, retransmis en direct par France Musique, durant lequel l’ensemble NEXT et l’Orchestre du CNSMD de Paris, sous la direction de Pascal Rophé, honoraient la mémoire de Christophe Bertrand avec Mana, révélaient Fading de Menghao Xie, aux côtés de la pianiste Ninon Hannecart-Ségal, et le raffinement discret de Iiin d’Imsu Choi – notre coup de cœur, avouons-le –, mettant à la fête Olga Neuwirth via son Orlando’s World servi par le mezzo-soprano Virpi Räisänen. Ainsi du concert du lendemain, lors duquel le Quatuor Diotima invitait le Livre de Pierre Boulez, d’actualité en cette année de centenaire de la naissance du maître français, en bonne compagnie avec des pièces de Misato Mochizuki, entre autres. C’est aussi le cas des soirées qui s’ensuivent, avec Franck Ollu et l’Ensemble Modern, le jeudi 6 février, et, le vendredi 7, le bel hommage à Luciano Berio, lui aussi né en 1925, par l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par André De Ridder, créant Le cantique des larmes de Michaël Levinas [pour écouter ces premiers concerts du festival, suivre ces liens : programmes 1, 2, 3 et 4].

La concentration extrême de Présences présente avantages et inconvénients, comme de rendre assez difficile au chroniqueur d’être à chacun des rendez-vous proposés, et plus encore d’en publier minute détaillée, comme nous le faisions par le passé. Aussi n’étions-nous en salle que pour les premier et septième concerts, ce dernier (samedi 8 février, à 20h) donné par la Maîtrise de Radio France et l’Orchestre national de France, placés sous la battue de Matthias Pintscher. Trois pages d’Olga Neuwirth étaient à l’affiche : Trurliade–Zone zero (2016) que servit la percussionniste Adélaïde Ferrière, Keyframes for a hippogriff (Musical calligrams in memoriam Hester Diamond) que chanta le contre-ténor Andrew Watts, enfin Tombeau I pour orchestre et échantillonneur, une œuvre travaillée à l’Ircam et qui entre dans le cadre des commandes de 2025 année Boulez [lire nos chroniques des 6, 7 et 23 janvier 2025]. Au retour de l’entracte, Véra Nikitine fait naître Clameurs que Michaël Levinas a conçu pour l’orgue, dans une « écriture polyphonique spécifiques aux claviers, clairement héritée de l’époque baroque » (brochure de salle, par Hélène Cao). À l’année prochaine !

BB