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Chroniques
Baldassare Galuppi
L’oracolo del vaticano
Surnommé Il Buranello parce qu'il est né à Burano, le prolixe Baldassare Galuppi (1706-1785), malgré des débuts difficiles et décourageants, devint célèbre, notamment par les opéras qu'il composa en collaboration avec le dramaturge Carlo Goldoni. À l'automne 1758, pour l'investiture d'Antonio Marino Priuli, évêque de Vicence, il compose une cantate à trois voix : L'oracolo del Vaticano, sur un texte du célèbre librettiste. Écrite dans l'urgence, on ne s'étonnera pas qu'elle n'affirme que des qualités attendues, sans grande originalité. Cependant, on sera surpris d'entrevoir une relative diversité dans cette conventionnelle succession systématique de recitativi et d'arie.
La fort élégante ouverture de l'opéra Il marchese villano introduit l'exécution. Fabio Pirona - maître d'œuvre d'un précédent disque Galuppi chez le même éditeur, consacré à la musique sacrée du Buranello – présente une lecture équilibrée, sans heurts, dans une discrète tonicité. Le Savaria Baroque Orchestra affiche de grandes qualités, et l'on appréciera tout particulièrement les interventions des bois tout au long de l'ouvrage.
Néanmoins, on regrette un choix de distribution vocale peu concluant. Aucune des trois allégories n'est complètement fiable sur les recitativi, même si c'est en générale mieux dans les arie. Il Merito de Mónika González est franchement instable, malgré une agréable couleur mozartienne ; agile sur les vocalises, adroite à maintenir unlegato appréciable, elle engorge souvent les notes un peu longues. Plus fiable, le ténor Tamás Kóbor chante L'Umiltà d'un timbre à la douceur agréable dont la nature convient bien au rôle ; sa belle intelligence du texte se trouve entravée par des vocalises laborieuses et une absence fâcheuse de grave. La première intervention de La Giustizia nous montre d'abord comme disgracieux le timbre un peu enfantin d’Edit Károly, mais cette voix s'avèrera par la suite la plus probante. Elle ne maltraite jamais la justesse, se révèle très agile, avec un aigu aisé, bien que les notes de passages soient un peu faibles. La couleur ne nous a pas semblé plaisante : affaire de goût, le principal étant que le chant, l'ornementation et le style soient irréprochable ; et c'est le cas !
AB