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Chroniques
Johann Sebastian Bach
Ode BWV 1127
Les découvertes musicologiques sont souvent guidées par le hasard et la chance. Ainsi Michael Maul, qui explore depuis 2002 le centre de l'Allemagne pour le compte du Bach Archiv et de la conférence permanente de la Société de musique baroque allemande, peut-il se targuer d'être le découvreur, en mai 2005, d'un inédit majeur deJohann Sebastian Bach. Le périple de la partition est d'autant plus miraculeux qu'après avoir dormi pendant des années dans un fond de pièces imprimées au début du XVIIIe siècle, elle manqua d'être détruite lors du terrible incendie de la bibliothèque de la duchesse Anna Amalia de Weimar, en 2004. La réalisation doit son salut à l'intérêt pour les poèmes de circonstance du restaurateur de la bibliothèque qui avait emmené dans son atelier le fond afin d'en établir un catalogue. L'exhaustif livret de présentation nous narre, avec force détails, les différentes tribulations du manuscrit et de l'authentification de la pièce.
Cette œuvre fut composée en 1713 en l'honneur du cinquante-deuxième anniversaire de l'employeur de Bach, le duc Wilhem Ernst de Saxe-Weimar, sur un poème en douze strophes de Johann Mylius, surintendant de Buttstädt – ville située à vingt-cinq kilomètres au nord de Weimar. Le titre de la pièce, Alles mit GOTT und nichts ohn ihn (tout avec DIEU, et rien sans lui) reprend la célèbre devise princière et chrétienne. Dès la première écoute, on est séduit par la simplicité et l'efficacité du matériau mélodique et l'auditeur reconnaît la solidité, très bachienne, de la structure. Pour mettre en musique les douze strophes du poème, le Cantor de Leipzig a utilisé une forme mi-strophique, moitiéaria da capo assez proche de l'air Weil die wollenreichen Herden (Parce que les troupeaux riches en laine) de la Jagdkantate BWV 208 (Cantate de la chasse, également écrite en 1713). Le présent disque, réalisé en juillet 2005, nous offre les strophes 1,3 et 12 du texte.
L'interprétation bénéficie du beau timbre cristallin du soprano Elin Manahan Thomas et de l'acuité de John Eliot Gardiner à la tête de ses English Baroque Soloists. En complément, l'album propose différents extraits des cantates de Bach, enregistrées en public lors de l'année 2000 qui avait vu le chef anglais diriger à travers le monde l'intégrale de ces partitions. Ces dix pièces nous prouvent encore la hauteur d'inspiration et la maîtrise technique du compositeur. Notons que la qualité de la prise de son et du livret fait de ce digipack un très bel objet.
PJT