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Chroniques
récital Cathy Berberian
The Beatles (arrangements de Guy Boyer)
Le 17 août 1960, au terme des moments éprouvants et excitants qui accompagnent la constitution d'un groupe, quatre garçons de Liverpool choisissent un nom désormais mythique : The Beatles. Leur musique accompagnera toute une génération de jeunes (et plus, si affinités…) à travers le monde, jusqu'à l'ultime concert du 30 janvier 1969, donné sur le toit de l'immeuble Apple, la compagnie de disques qu'ils ont fondée. La dissolution officielle des Beatles prendra effet avec l'annonce sans appel de Paul Mc McCartney, le 10 avril 1970 : « Comme vous devez le savoir, le groupe s'est séparé il y a plus d'un an, et nous n'avons pas joué ensemble depuis bien longtemps. Chacun de nous a désormais attaqué une carrière solo. Pour toutes ces raisons, je désire mettre fin aux illusions que certains entretiennent encore sur les Beatles ».
Parmi les fidèles des Fabuleux, Cathy Berberian et sa fille Cristina ne sont pas les dernières à suivre la carrière d'un groupe de rock évoluant lentement vers un univers pop sophistiqué.« Nous sommes toutes deux fans des Beatles, avoue la grande prêtresse de la musique contemporaine, faisant fi de son image d'intellectuelle. Je ne pourrais pas vivre sans mes disques de leurs chansons depuis Help ! » Considérant le groupe anglais comme des pionniers intuitifs, entre tradition et modernité, elle décide de faire venir à cette musique les adultes qui la jugent trop rapidement subversive, voire dépravée – et encore ne saisissent-ils pas tous les allusions au LSD souvent trouvées dans Ticket to ride ! À son ami et compositeur hollandais Louis Andriessen, elle parle d’un projet d'arrangements de style baroque. Il lui propose alors un petit cycle de chansons adaptées pour voix et piano, sur le mode classique et dans des styles variés (Fauré pour Yesterday, Ravel pour Michelle, etc.) Très engagé à l'extrême gauche, Andriessen autorisera cependant ni publication, ni enregistrement de ses arrangements, afin de ne pas se compromettre avec un show-business qu'il exècre.
C'est Guy Boyer qui se charge de l'arrangement, entièrement baroque, des douze chansons présentes sur Beatles Arias – aussi édité sous le titre Revolution, avec une pochette qui rappelle Revolver, l'album sorti le 5 août 66). Du clavecin, il dirige un ensemble de musique de chambre (quatuors à cordes, quintette à vents) au Studio Arsonor, en décembre de la même année. Pour Berberian, l'enregistrement des meilleurs morceaux, trouvés sur cinq de leurs disques, constitue « un hommage à ces musiciens chevelus » autant qu'un pied de nez aux« vieux tromblons spécialisés ».Comme elle l'explique dans la courte entrevue reproduite parmi quelques précieux bonus, Cathy Berberian souhaitait retrouver le rire dans les salles de concert. Elle y a bien sûr réussi ; et ce rire peut désormais, grâce à la réédition soignée de Telescopic, envahir nos salons.
LB